# – Le temps stupide traverse le corps poreux de ses aiguilles indifférentes

tempssutipde
Une sensation blanche creuse
– fouille
– mord
l’os
– le squelette
brise dedans
– éclats coupants
– un sac de verres
le moindre mouvement comme un rasoir
– découpée à l’intérieur
– lamelle
– lanière
– fouet
immobile ça s’écoule dedans mais tout est trop étroit
– serré
– un cordage trempé d’eau
– tressage fermé
– opaque

Les nerfs
– résille ajustée et précise
enlacent muscles
– tendons
– chairs
– organes
s’approchent dangereusement du cœur
– pompe battante
– trépidante
perforent le bas ventre
– se nouent aux vertèbres basses
– préparent l’assaut
le coup sec et inéluctable

Le temps stupide
– idiot
– bruyant
– irréversible
traverse
– fouille
– bouscule
le corps
– vivant
– impuissant
–  poreux
de ses aiguilles
– aiguisées
–  indifférentes
Les poumons cherchent l’air
– place
– espace
–  souffle
à grandes goulées de nicotine
– tubes de papier empli de tabac
– mégots réduits si vite
– gestes recommencés
– paquets froissés
– sursaut
– quel heure est-il ?
Le sommeil
– mime de repos
s’écoule en filets distincts
– mailles trop lâches pour retenir les rêves
– trop courtes pour apporter l’oubli
bourdonnement sourd du vieux frigo
– froissement du plancher
– éclat de braise quand le feu s’éteint
– le dehors pâle aux carreaux
– matelas trop étroit
– couette trop lourde
manque d’air dans la pièce close –
matin entre soulagement et refus

 

Gésir de la déroute
– de la défaite
– de l’impuissance
se résigner au rien de l’impossible
– de l’impensable
– de l’inconnu –
lesté du poids d’une pensée stoppée
– frappée
– marquée
par l’inéluctable devant
Garder le peu de force
– source ténue
auprès du plus fragile
– du plus léger
– de ce qui
– encore
– est là
douceur au bord de la dissolution
– anéantie

 

 

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