# – 159e jours
452 grammes, un pas grand-chose pourtant là, un petit quelque chose déjà,
moins d’une livre, même pas le demi kilo,
le début d’une pesanteur, un poids plume.
4 et 5 et 2 trois chiffres, trois symboles, le début d’un alphabet chiffré, une clé, une résonance. Un accord. Le dérisoire et la place, la dilatation et le remplissage, la fente et le troué.
# – 165e jours
452,
baragouinage de bajoue,
modulation et variation
expression d’avant la langue,
déjà du langage, à l’évidence.
Une navette, un dialogue, une ouverture, une question et un répons,
est-ce qu’on se comprend ?
452,
deux systèmes étrangers pour tisser un code commun d’entente. Parfois oui et parfois non.
# – 166e jours
452 ce presque rien, si pesant par instant.
A la fin du 5eme mois, le fœtus pèse entre 440 et 500 grammes. Plus qu’un embryon.
# – 167e jours
452 le chiffre des dépendances. S’y sentir plus que nécessaire, unique, irremplaçable, choisie. A la légère euphorie se substitue l’endurance du quotidien. Comme en amour, après les montagnes russes échevelées et passionnelles, entrer dans la résistance du quotidien. 452 l’emblème de l’aliénation ou son avers ? Ce qu’on décide de faire du chiffrement, une serrure, fermée ou ouverte.
Le simple et le compliqué, le compliqué du simple.
452 est un miroir réfléchissant de la justesse et du déséquilibre. Cela, maternel ou relationnel ? Par quoi ça tient, par quoi ça te tient ?
452 c’est la surprise aussi, la fascination, l’observation face à cet inconnu, cet inhabituel.
Quatre, comme les coins, les coins de la cour qui en a souvent plus que quatre d’ailleurs ; au coin géométrique se substitue la désignation un peu floue : « dans le coin – il traine dans le coin en ce moment », ou au contraire, précise, pour ceux qui partagent le secret, les coins comme des cachettes ou les coins comme ces toilettes à l’odeur si spéciale des écoles – odeur de javel en cube et ce savon jaune à la rondeur d’un ballon de rugby, tenu dans le mur par une tige en fer.
Les coins comme une question de limite ; les délimiter c’est suivre le tracé du carré.
Être mis au coin. L’humiliation du face à face avec un coin, les oreilles brulantes et le dos tourné contre les autres, y cacher sa honte. Se terrer dans un coin. Coincer vient bien du coin, non ?
Et le canard, bien sûr : coin-coin.
Le coin et l’angle, l’aigu, ce qui est susceptible de blesser dans une rencontre trop violente – ne parlons pas ici de la hache, l’angle aiguisé par excellence – l’angle d’un meuble brutalement venu à notre rencontre marque la peau d’un bleu qui tend au jaune violacé.