Couloir, substantif masculin : lieu de passage.
Ce couloir qui ne devrait pas être là, n’existait même pas avant, n’a pas été pensé dans la construction de la maison, qui surgit, se génère de lui-même dans le salon, ouvre dans l’un des murs sa bouche froide et sombre, opaque, cendreuse, ce couloir qui s’agrandit, voire pire change de taille, de forme, ouvre sur des corridors, engendre un dédale, des salles, des passages, aboutit à un escalier sans fin, une immense salle, qui laisse passer, mais si peu, des ondes radio comme fil d’Ariane, mais qui distord le son, le rend trompeur, devient l’espace de l’égarement, de l’inconnu, tandis que la maison, à l’extérieur, ne change pas, reste, bêtement presque, la maison abritant la famille Navidson, rien dans le jardin où devrait apparaître ce passage intérieur, la maison reste close et laisse ce couloir grandir dedans comme un parasite insatiable, dévorant le rien pour y développer ses trouées, faire place à sa reptation. Ce couloir anormal, gueule de goule, lieu de passage ouvert dans le quotidien, lorsqu’il apparaît pour la première fois, dans le souvenir qui reste de la lecture de La maison des feuilles de Marc Z. Danielewski découvert et lu il y a plusieurs années, engouffrée, tenue dans ce récit multiforme et polyphonique, aspirée à l’intérieur du livre, emportée dans l’enchevêtrement formel et typographique, éperdument consentante, sa première apparition donc vécue dans le corps, un picotement de peau, une suée au creux des paumes, une gêne sur la nuque, un arrêt, très bref, un battement de cils, juste le temps d’agglutiner, d’aspirer en lui-même d’autres longs couloirs de l’enfance, de leurs ventres ombreux, juste le temps de réaliser que oui, et on l’a toujours su : l’espace n’est pas ce qu’il paraît.
L’ensemble des contributions (lexique) de la proposition 5 sur tiers livre
un des avantages de l’atelier : vous découvrir
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merci
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